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Le coronavirus SARS-CoV-2 se transmet-il par aérosols ?

Texte mis à jour le 2020-08-26


Oui. En respirant et en parlant, chacun émet un aérosol de micro-gouttelettes qui restent longtemps en l’air et qui se déplacent un peu comme de la fumée de cigarette. Cet aérosol contient moins de virus que les gouttes-postillons mais peut être une cause de contamination, en particulier dans les lieux fermés. Ventilation, aération, et port du masque permettent de limiter fortement la transmission de la COVID-19 par aérosols.

Aérosols et gouttes (ou ‘postillons’) sont deux modes de transmission aérienne du coronavirus SARS-CoV-2 agent de la COVID-19.

Les gouttes-postillons sont des gouttelettes de plus de 2,5 µm de diamètre (ou 5 µm selon les auteurs), qui retombent vite à moins de un à deux mètres de l’émetteur qui parle ou qui chante. Elles vont plus loin quand on tousse, et plus encore quand on éternue (3 à 5 mètres). Ces gouttes contaminent les mains et les objets, ce qui augmente la diffusion du virus. Ces gouttelettes se comportent comme un pulvérisateur (spray lave-glace). Elles contiendraient plus de 95% des virus émis d’après une étude de simulation avec du virus grippal.

Un aérosol est un nuage de micro-gouttes dont le diamètre est typiquement inférieur à 2,5 µm (au maximum 1-5 µm selon les auteurs), et généralement compris entre 0,25 et 1 µm. Ces microgouttes peuvent rester plusieurs heures dans l’air. En respirant et en parlant, chacun émet un aérosol. L’aérosol se comporte un peu comme la fumée d’une cigarette : il est transporté par les courants d’air et s’accumule dans les pièces fermées. L’aérosol est très léger : il peut se propager loin de celui qui l’émet (jusqu’à 10 m dans un courant d’air) et il pénètre très profondément dans les poumons.

Un aérosol peut contenir des virus si l’émetteur est infecté, et ces virus restent infectieux pendant plus de 16h. L’aérosol étant bien plus léger que les postillons, il transporte une quantité moins importante de virus que les gouttes-postillons. Selon une étude de simulation avec du virus grippal, moins de 5 % des virus émis le sont par aérosols. A l’hôpital, les procédures invasives des Unités de Soins Intensifs (intubation, ventilation, bronchoscopie..) produisent des aérosols particulièrement contaminants. Enfin, en plein air et dans les lieux bien ventilés ou aérés, l’aérosol se dissipe et se dilue très vite, de telle sorte qu’on ne peut pas détecter de virus dans l’air sauf exceptions liées à une grande densité de porteur du virus ou des conditions météorologiques exceptionnelles, comme un air froid immobile et lors d’un pic de pollution.

La part relative de chaque mode de transmission dans l’épidémie de COVID-19 n’est pas connue avec précision, même si les deux modes de transmissions sont bien démontrés, et ce depuis mars 2020. Sous la forte pression des scientifiques, l’OMS a reconnu en juillet 2020 que l’aérosol pouvait jouer un rôle important dans les lieux fermés.

Comment se protéger des aérosols ? Plus vous restez longtemps sous la pluie, et plus il pleut fort, plus vous serez mouillé. De même, plus vous êtes exposé à des gouttelettes et plus vous restez longtemps dans cet environnement, plus le risque d’exposition est élevé. L’atténuation du risque repose donc sur la diminution à la fois des niveaux de concentration des aérosols et de la durée d’exposition. Si possible, ouvrez les portes et les fenêtres pour augmenter le flux d’air frais. Réduisez le temps passé dans des endroits mal ventilés et encombrés. Dans les espaces clos, évitez la concentration de personnes, sources potentielles d’émission de virus, et assurez-vous que les masques sont portés en permanence.


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Sources

Document Google régulièrement mis à jour, écrit par plus d'une dizaine d'experts américains, comportant des informations générales et pratiques sur la transmission de SARS-CoV-2 par aérosols.

FAQs on Protecting Yourself from COVID-19 Aerosol Transmission.

Article montrant que les particules virales de coronavirus SARS-CoV-2 agent de la COVID-19 présentes dans les aérosols sont infectieuses sur des cellules. Ces particules sont infectieuses jusqu’à 16 heures après aérosolisation.

Fears, A. C., Klimstra, W. B., Duprex, P., Hartman, A., Weaver, S. C., Plante, K. S., ... & Nalca, A. (2020). Persistence of Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 in Aerosol Suspensions. Emerging infectious diseases, 26(9).

Etude majeure, précoce et détaillée des contaminations par l’ARN viral dans deux hôpitaux de la ville de Wuhan (Chine) montrant que les aérosols peuvent contenir de l’ARN du coronavirus SARS-CoV-2. Les auteurs montrent aussi l’effet de la ventilation pour éliminer la contamination de l’air à l’intérieur de l’hôpital et la présence exceptionnelle de virus dans l’air extérieur.

Liu, Y., Ning, Z., Chen, Y., Guo, M., Liu, Y., Gali, N. K., ... & Liu, X. (2020). Aerodynamic analysis of SARS-CoV-2 in two Wuhan hospitals. Nature, 582(7813), 557-560.

Une bonne synthèse sur la transmission aérienne du SARS-CoV-2, publiée en juin 2020, conseille fortement le port du masque sur la base d’arguments scientifiques. Incidemment, on y retrouve l’analogie entre la diffusion de la fumée de cigarette et celle des aérosols viraux.

Prather, K. A., Wang, C. C., & Schooley, R. T. (2020). Reducing transmission of SARS-CoV-2. Science.

Cette étude expérimentale modélise le passage du virus grippal dans les particules de différentes tailles, avec et sans visière, à distances variées.

Lindsley, W. G., Noti, J. D., Blachere, F. M., Szalajda, J. V., & Beezhold, D. H. (2014). Efficacy of face shields against cough aerosol droplets from a cough simulator. Journal of occupational and environmental hygiene, 11(8), 509-518.

Des urgentistes décrivent les procédures à effectuer afin de minimiser leur risque d’être infectés par l’entubage des patients atteints de la COVID-19.

Odor, P. M., Neun, M., Bampoe, S., Clark, S., Heaton, D., Hoogenboom, E. M., ... & Kamming, D. (2020). Anaesthesia and COVID-19: infection control. British Journal of Anaesthesia.

A Singapour, à l’hôpital NCID qui est bien ventilé, on n’a trouvé aucun virus dans l'air de la chambre d'un malade non-intubé, tousseur et fortement positif, mais la bouche d’aspiration d’air a été contaminée.

Ong, S. W. X., Tan, Y. K., Chia, P. Y., Lee, T. H., Ng, O. T., Wong, M. S. Y., & Marimuthu, K. (2020). Air, surface environmental, and personal protective equipment contamination by severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2) from a symptomatic patient. Jama, 323(16), 1610-1612.

A Bergame, en Italie, dans une région industrielle très polluée avec une très forte incidence de COVID-19, de l'ARN du coronavirus SARS-CoV-2 fut détecté dans plus de la moitié des prélèvements d'air extérieur. Lors de l’étude, les conditions atmosphériques étaient particulièrement stables avec un important pic de pollution aux particules fines (PM10).

Setti, L., Passarini, F., De Gennaro, G., Barbieri, P., Perrone, M. G., Borelli, M., ... & Clemente, L. (2020). SARS-Cov-2RNA Found on Particulate Matter of Bergamo in Northern Italy: First Evidence. Environmental Research, 109754.

Une excellente synthèse scientifique publiée en juin 2020 illustre l’existence et l’importance des aérosols dans la transmission de la COVID-19.

Morawska, L., & Cao, J. (2020). Airborne transmission of SARS-CoV-2: The world should face the reality. Environment International, 105730.

Dans cette “lettre-commentaire” co-signée par 239 scientifiques, Morawska et Milton argumentent pour que l’OMS reconnaisse la part des aérosols dans la transmission de la COVID-19 et recommande la ventilation et l’extraction de l’air intérieur.

Morawska, L., & Milton, D. K. (2020). It is time to address airborne transmission of COVID-19. Clin Infect Dis, 6, ciaa939.

Les auteurs de cet article d’opinion soutiennent que les aérosols sont très contaminants, en comparant la pente de l'épidémie dans les pays ayant imposé ou pas le port du masque en plus des mesures de distanciation. Ils concluent que le port du masque est la mesure la plus efficace pour limiter l’épidémie.

Zhang, R., Li, Y., Zhang, A. L., Wang, Y., & Molina, M. J. (2020). Identifying airborne transmission as the dominant route for the spread of COVID-19. Proceedings of the National Academy of Sciences.

Un article de vulgarisation, disponible aussi en français, qui décrit le virage pris par l’OMS en juillet 2020 dans la reconnaissance de la voie “aérosols”.

Erath B., Ferro, A. & Ahmadi, G. Aerosols are a bigger coronavirus threat than WHO guidelines suggest – here’s what you need to know. The Conversation, 10 July 2020.

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